
À la demande de
Zed (avec beaucoup de retard, je sais, désolé Zed, sincèrement), voici le billet promis.
Au cours de mes années d'enseignement, il m'est arrivé à l'occasion d'aborder le sujet de l'homosexualité en classe. Ce sujet est toujours délicat, car on sent plusieurs préjugés complètement inutiles desquels on n'est pas toujours complètement sorti soi-même parfois (?) (Sous-entendu : ce ne sont pas tous les enseignants qui sont à l'aise avec ce sujet...)
Ainsi, il m'est déjà arrivé de raconter aux étudiants la fois où un couple de mes amis s'est embrassé (tout ce qu'il y a de plus banal et ordinaire comme embrassade) en se disant au revoir. Exactement comme un couple d'hétéro qui se sépare le temps d'une journée de travail...
Je me rappelle même avoir alors pensé au
premier coup (le "
jugé premier" si on veut) que ça faisait "spécial", car moins courant, visuellement parlant. C'est une scène que je vois moins souvent, tout simplement... Et je me rappelle surtout avoir pensé, immédiatement après, que ce n'était chez moi que le fait que ça ne soit pas courant qui me faisait réagir. Car, au fond, un couple qui s'embrasse quand un va travailler, peu importe qui compose ce couple, c'est une scène courante, non ? Cette prise de conscience de jadis (ça fait moult années, cet exemple), racontée aux élèves, les faisait réagir. Et la discussion qui suivait pouvait amener à une prise de conscience plus approfondie, à une réflexion plus poussée.
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Il m'est aussi arrivé, à quelques occasions, qu'un ami ou une connaissance décide de se confier à moi, au sujet de son orientation sexuelle, de son homosexualité. Ces cas-là étaient des cas de gens qui se décident soudain à s'assumer complètement, après avoir vécu les déchirements que procure toute forme de marginalité. Dans tous les cas que j'ai connus (ils ne sont pas légion, mais tout de même), on sentait chez ces personnes une sorte de délivrance que leur donnait leur décision, même si la décision d'assumer complètement son identité (car ça fait partie intégrante de l'identité de la personne) n'avait pas été facile à prendre. Dans ces cas-là, souvent, je n'avais qu'à être l'oreille attentive dont ces personnes avaient besoin, d'être celui qui recueille la confidence, simplement, sans juger.
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Dans mes très lointain souvenirs, je me rappelle aussi celui où je m'étais à quelques occasions fait traiter de fif (
3 lettres qui en disent long, comme disait récemment le
Prof Masqué)... parce que je jouais du piano. C'était au tout début de mon adolescence, et ça blessait fort. Ce que j'ai su, puis constaté des années plus tard, c'est qu'au moins une de ces personnes
insultantes de l'époque était aujourd'hui homosexuelle. La difficulté d'assumer au départ fait parfois agir ainsi...
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Je me rappelle aussi avoir vu grandir un enfant et d'avoir découvert plus tard que cet adulte était homosexuel. D'avoir jasé un peu avec un de ses parents et que l'on se soit dit que nous n'étions pas du tout surpris... Qu'on l'avait
senti à l'époque et que c'était beaucoup mieux que cette personne s'assume pleinement, plutôt que de vivre dans l'ombre d'elle-même...
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Enfin, je me rappelle aussi cette autre personne homosexuelle, pleinement assumée dans sa vie de tous les jours, qui avait en horreur ces parades où des extrémistes (ce sont ses mots) se pavanent et font paraître l'homosexualité comme une grosse caricature (expression pléonasmique s'il en est une ;-)) - encore ses mots.
C'est aussi cette même personne qui nous racontait des "jokes d'homosexuels" ! Il y avait peut-être un peu d'auto-dérision dans ce fait : l'auto-dérision de celui qui s'assume pleinement. Mais les "jokes" étaient toujours tout de même assez respectueuses. De l'humour sain, pourrais-je dire.
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Bref, la discrimination, peu importe sur quoi elle porte, a un côté malsain, dommageable indéniable.
Mais en même temps, il faut savoir faire la part des choses (discerner là où il y a discrimination réelle et néfaste), comme dans le cas du dernier exemple de l'homosexuel qui raconte des "jokes" d'homosexuels dans un contexte où il fait la preuve de la pleine "maîtrise" de sa "condition". Bien sûr, dans ce cas, les "jokes" ne sont pas discriminatoires. (Sous-entendu, il existe des "jokes" fortement discriminatoires et il faut avoir la sagesse de faire la différence entre les deux style de blagues...)
Donc, pour faire la différence entre les deux cas (discrimination ou non), il faut tout de même avoir un peu (beaucoup?) réfléchi :-)
Beaucoup plus facile à dire qu'à faire, n'est-ce pas ?